LoL – Les anecdotes du Cameroun par Nana

Les chaussures
Lorsqu’on parle de voyage, on parle d’amitié, de rires, de découvertes, mais surtout de choc culturel. Plusieurs choses m’ont marquées cet été au Cameroun, mais la chose et même le mot dont j’ai le plus entendu parlé dans mon entourage est le mot CHAUSSURE! Bon, personnellement, je ne suis pas fan de chaussures. En tant que fille ayant de très grands pieds, j’ai de la difficulté à me chausser, donc je ne porte pas beaucoup d’importance au style de chaussures que je porte. Pourtant ici, c’est le contraire. Le port de la chaussure signifie bien autre chose que chez nous au Canada. Il y a un type de chaussures à porter pour les différents événements. Par exemple, tout type de sandales ou gougounes ne doit être porté qu’à la maison pour le nettoyage ou pour aller au dépanneur. Mais si tu dois voyager en autobus, la fameuse babouche n’est pas la bienvenue, voir même mal vue. Pour sortir en soirée, il est impérial de bien paraître ; la chaussure fermée est presque obligatoire.

Vivant à Yaoundé dans une famille d’accueil, j’ai plusieurs discussions avec mes frères et soeurs camerounais.e.s et nous comparons souvent nos cultures. J’ai donc eu droit à leurs avis sur mes habits. Mais ce sont mes chaussures qui ont eu le plus de remarques. Bien évidemment, nous en riions, mais j’ai tout de même eu l’obligation d’aller magasiner une nouvelle paire pour bien paraître! Direction marché Mokolo, le plus grand marché de Yaoundé, où Magali, ma camarade canadienne, m’accompagne. Habituées de se faire taquiner par les gens du marché nous ignorions déjà la majorité des remarques. Mais cette fois-là, Magali qui avait de petites bottines se fit dire par un vendeur: « Mais c’est quoi les boîtes qu’elle a autour des pieds? ». Nous avons bien ri. Contrairement au Canada où nous regardons les gens de haut vers le bas, ici les gens nous regardent les pieds en premier!

Une fois que j’ai eu l’approbation de ma soeur de famille sur l’achat de ballerines, tout se passait mieux, mais je devais quand même bien les nettoyer après chaque usage. Avec la terre rouge d’ici, le nettoyage des chaussures est obligatoire, sinon on ne sort pas de la maison!

Mama papa mami papi
Après plus de deux mois de cohabitation dans une famille africaine, je me suis tranquillement adaptée à cette culture. Une des choses que je préfère le plus est la proximité avec les gens. Je m’explique… Exemple type de salutation au Canada : on fait la bise ou une petite poignée de main assez froide à mon goût. Ici, la poignée de main n’a rien d’ordinaire, elle est plutôt spectaculaire. On prend la main de deux façons puis on fait claquer le doigt de l’autre personne avec notre majeur. Une fois le doigt claqué, on peut garder la main de l’autre dans la nôtre pendant plusieurs secondes. Au Canada, j’aurais un malaise à garder ma main dans celle d’un.e étranger.e, mais ici c’est comme ça et ça me plaît. Pourquoi pas? Au Cameroun, « on est ensemble » après tout!

Une autre chose que j’aime beaucoup sont les petits surnoms qu’on donne à tout le monde. Ici toute femme mature est appelée maman, que ca soit ta mère ou pas. La mère n’est pas maternelle qu’avec ses propres enfants, elle est la mère de tous, et c’est très respectable. Lorsqu’on va acheter nos petits beignets au coin de la rue, nous saluons toujours notre maman qui travaille, on lui dit: « Bonjour maman, c’est comment? ». Pourtant, d’une vision d’étrangère, cette femme n’est qu’une commerçante, ce n’est pas notre mère biologique, mais c’est beaucoup plus amical comme ça! Les hommes matures aussi sont appelés papa. J’ai visité la mère d’un ami camerounais pour la première fois et dès que je suis rentré dans sa maison, elle m’a embrassé, m’a enlacé et s’est exclamé ainsi: « Bonjour mon bébé! Soit la bienvenue! » Mon bébé? Le choc que j’ai eu! Mais un bon choc, pourquoi pas appeler l’enfant d’un autre son bébé, c’est plutôt mignon non de la part d’une mère? Hihi.

Au début du voyage, j’étais assez confuse lorsque mes ami.e.s me présentaient leurs frères et leurs soeurs. À chaque jour, ils avaient de nouveaux frères et de nouvelles soeurs. Un matin, je demandai: « Mais êtes-vous lié par le sang? » et il me répondit: « Non, mais c’est mon frère ». Ici, tout cousin ou toute personne de confiance peut être ton frère.

Le bruit et la musique
Au Cameroun, le bruit ambiant est différent. Il y a de la musique à tous les coins de rue, dans toutes les boutiques. Il y a les snack bars un peu partout pour aller danser jusqu’aux petites heures du matin ; il y a les bruits de klaxons de taxi à toute heure ; des bruits de moto. Lorsqu’un taxi passe, tu lui proposes par la fenêtre ton prix et ta destination, s’il klaxonne, c’est qu’il accepte ton prix, autrement, il continue son chemin.

Le matin vers 5-6h, j’entends maman appeler les enfants avec une voix forte et les enfants de répondre en criant pour être certain de la retrouver dans la maison. Le bruit a une toute autre signification. Le bruit est tellement présent qu’il ne dérange plus, il est banal.

La sécurité de la femme
On nous avait prévenu : la nuit ne sortez pas sans Camerounais. Contrairement à Montréal où on peut se promener la nuit sans vraiment de danger, Yaoundé peut être dangereux. Dépendre de quelqu’un pour se promener la nuit est un choc pour nous ici. J’ai dû plusieurs fois me promener la nuit. J’avais oublié ma clé de maison au travail par exemple, j’ai donc dû retourner au travail alors qu’il faisait déjà nuit (vers 19-20h). J’ai alors appelé un ami pour m’accompagner. C’est un choc de se sentir dépendante de quelqu’un alors on s’ajuste!

Les vendeurs ambulants
Noisettes, noisettes, noisettes, noisettes… C’est ce qu’on entend lorsqu’on se promène. Partout, il y a des vendeurs ambulants qui font leur propre publicité en chantant leurs produits. Ils mettent le tout sur leur tête et nous propose ce qu’ils ont à vendre. Ça peut aller des noisettes aux fruits, aux chaussures, aux oeufs cuits durs ou même un repas complet sur une tête! Tu l’appelles avec un bruit de bouche – le même bruit qu’on utilise pour appeler un chien chez nous – et il te sort alors toute sa ribambelle.

Être végétarienne/végane au Cameroun
Ayant voyagé déjà auparavant, j’étais prête à devoir être conciliante face à une nouvelle culture culinaire. Évidemment, vivre en famille d’accueil implique qu’il faut s’adapter aux mets de la maison. Les mets camerounais sont très différents de ce qu’on a l’habitude de manger au Canada. Tout d’abord, les épices utilisées sont nouvelles pour moi ; le poivre blanc, la rondelle, la pistache (qui se trouve à être la graine de concombre séchée), le ginseng, etc. Ce sont aussi de nouvelles textures comme les sauces très gélatineuses qu’on retrouve dans le nkui ou le gombo. Il y a aussi beaucoup de poisson fumé inséré dans les sauces. Malgré ces différences, j’ai pu trouver des plats à mon goût, je vous fais part de quelques-uns :

Sanga: Sorte de ragoût végétarien avec des grains de maïs sucrés cuits avec des feuilles et du sucre.
Haricot: Haricot blanc ou rouge apprêté avec des épices (parfois avec crevettes).
Conchaf: Gros grains de maïs et haricots épicés.(parfois avec crevettes).
Tak: Pâte de maïs cuit dans une feuille de bananier, ça ressemble un peu à la polenta, mais cuit avec de l’huile rouge non raffinée.
Gâteau koki: Ressemble aussi à la polenta, mais à base de haricots cuits dans une feuille de bananier.
Beignets: Beignets faits sans oeufs, disponibles à presque tous les coins de rue, où on retrouve souvent différentes sortes de beignets: beignets aux bananes, beignets farine et beignets aux haricots (koki).

Quelques trucs de végé:
Je traîne toujours avec moi quelques collations qui me réconfortent dans mon sac. J’ai aussi déniché du couscous, donc le matin avant de partir je ne fais que mettre un peu d’eau chaude et je pars avec ça au travail et j’y ajoute plus tard quelques légumes du marché.
Je me suis amené des feuilles de riz acheté au Canada. Lorsque je suis en manque de nourriture de mon quotidien, je peux me gâter et prendre les légumes du marché et me faire un rouleau de printemps avec une sauce aux arachides fait maison, miam!
Mon plat Tupperware… Les autres stagiaires m’ont taquiné avec ça, mais ont tous voulu me l’emprunter à un moment ou à un autre, donc amener son Tupperware en voyage est vraiment utile, surtout pour les lunchs ou les restants de restaurant.
Se faire une vinaigrette pour la semaine. À la maison, je me fais une grosse quantité de vinaigrette, donc peu importe le mets, je peux toujours prendre un féculent et y mettre ma vinaigrette. Je l’amène aussi dans les restos!
Il y a toujours des maïs et des légumes grillés dans la rue. On y trouve aussi facilement du pain, des ananas coupés, des beignets et des arachides, donc si j’oublie mon lunch, il y a toujours quelque chose à grignoter.

Anecdotes du retour au Québec
Vivant dans une maison avec une dizaine de colocs, j’ai été surprise de voir les gens ne pas partager de nourriture. Lorsque j’étais à la maison au Cameroun, ma soeur Isis me disait toujours qu’il était mal poli de manger son repas devant les invités. Lorsque l’on mange, on offre à tout le monde. Parfois nous n’avions pas assez cuisiné pour la visite, donc nous devions attendre un peu par respect et manger plus tard une fois nos invités partis.
De retour dans mon pays, ça m’a fait un choc, car j’avais pris l’habitude de manger avec toute la famille et de partager avec tout le monde. De voir ici que chacun se fait son petit souper et mange dans son coin me fait un pincement au coeur ; je préfère faire un peu plus de nourriture et manger avec tout le monde. Merci à ma soeur Isis de m’avoir inculqué les bonnes manières!

(P.S. Merci à AlexSandra de s’être portée volontaire pour la photo de chaussure! )

Nana aka
Anne Bansept-Marcil